Il y eut de nombreux peintres de talent durant la période Ming comme Shen Zhou, Dai Jin, Tang Yin, Wen Zhengming, Qiu Ying et Dong Qichang. Ce dernier, un des chefs de file de l’« école de Wu » (le pays de Suzhou), fut également un grand critique de la peinture, dont l’influence sur les périodes postérieures a été majeure183. Ces peintres reprirent, en y ajoutant de nouveaux éléments, les techniques et les styles des maîtres des dynasties Song (Mi Fu) et Yuan (Ni Zan et Wang Meng), dont les œuvres étaient alors très recherchées par les amateurs d’art même s’ils devaient généralement se contenter de copies184. La peinture narrative se déploie à l’horizontale et le regard suit la narration de droite à gauche. Cette époque est particulièrement riche en peinture de ce genre, dont celles produites par des peintres de l’« école de Wu », sous l’impulsion de Wen Zhengming (1470-1559) et de Qiu Ying (v. 1494-1552) dès les années 1520185. Shen Zhou, autre peintre représentatif de l’école de Suzhou, s’illustra dans les principaux styles de peinture lettrée, alliant élégamment peinture, poésie et calligraphie : la peinture de paysage (La grandeur du mont Lu) et la peinture de type « oiseau et fleurs ». Autre artiste de premier ordre, Dai Jin représentant remarquable de l’« école du Zhe » (Zhejiang), plus « romantique », eut une influence notable au Japon, mais pas en Chine où les critiques les plus reconnus (dont Dong Qichang) ne lui accordaient guère d’estime186. Plusieurs peintres excellèrent également dans la représentation de personnages, qu’il s’agisse de portraits privés, forme de peinture qui se diffusa à partir du xvie siècle dans les hautes couches de la société, alors qu’elle était jusqu’alors limitée au cercle de la famille impériale187, de scènes illustrant des poèmes, de représentations de lettrés188, de moments de la vie impériale présente et passée (la Matinée printanière au palais des Han de Qiu Ying189), de scènes religieuses représentant des divinités bouddhistes et taoïstes190. En raison de l’importance de la demande, les artistes renommés pouvaient vivre de leur art et étaient très sollicités. Ce fut le cas de Qiu Ying, reconnu comme l’un des plus remarquables copistes de son temps et dont la qualité du trait et de la mise en couleur était jugée inégalable, qui fut payé 2,8 kg d’argent pour peindre un long parchemin à l’occasion du 80e anniversaire de la mère d’un riche mécène191.
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La grandeur du mont Lu de Shen Zhou, 1467. Musée National du Palais (MNP), Taipei.
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Ode à la grenade et à la vigne vierge, Shen Zhou (peinture) et Wang Ao (poésie), 1506-09. Detroit Institute of Art.
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Roses trémières, rocher et papillons, Dai Jin. Musée du Palais, Pékin.
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Wen Zhengming 1548. Copie de la « Seconde ode à la Falaise rouge » de Zhao Bosu 1124-1182, encre et couleurs sur soie, 31 × 541 cm. MNP192
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Paysage éclairé par la lune, Wen Zhengming, v. 1550-1559. Honolulu Museum of Art.
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Demeures ombragées parmi les monts et les courants, Dong Qichang, v. 1622–1625. Metropolitan Museum of Art.
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Portrait d’une femme de l’aristocratie de l’époque des Ming, artiste inconnu, xvie siècle.
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Matinée printanière au palais des Han de Qiu Ying, détail : scène de la vie du gynécée. Copie de la fin du xviie siècle. Walters Art Museum.
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Chang’e, la déesse de la Lune, artiste inconnu d’époque Ming, d’après Tang Yin. Metropolitan Museum of Art.
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Lei Gong, divinité du tonnerre. Artiste inconnu, v. 1542. Metropolitan Museum of Art.