Car l'un ne va pas sans l'autre !
Alain de Lille, ou Alain de L’Isle (en latin : Alanus ab Insulis), né probablement en 1116 ou 1117 à Lille et mort entre le 14 avril 1202 et le 5 avril 1203 à l’abbaye de Cîteaux1,2, est un théologien français, aussi connu comme poète.
De sa vie on sait peu de choses. Il semble avoir enseigné à Paris et il assista au concile du Latran en 1179. Il habita ensuite Montpellier (on l’appelle quelquefois Alanus de Montepessulano), vécut quelque temps hors de la clôture monacale et prit finalement sa retraite à Cîteaux, où il mourut en 1202.
De son vivant sa réputation s’étendait très loin et ses connaissances, plus variées que profondes, le firent surnommer Doctor universalis.
Parmi ses très nombreuses œuvres, deux poèmes le placent à un rang honorable dans la littérature latine du Moyen Âge :
Dans ces deux poèmes, le personnage principal est constitué par la Nature. Ces poèmes sont représentatifs des sens que l’on employait pendant tout le Moyen Âge pour l’interprétation des textes : Alain de Lille avertit en effet que son œuvre doit être lue à trois niveaux : pour l’“entendement puéril”, qui poursuit le plaisir, il y aura un sens littéral ; ceux qui veulent profiter de la lecture auront à leur disposition un sens moral ; enfin, une intelligence plus fine trouvera à s’aiguiser sur le sens allégorique3.
Parmi ses autres œuvres, il faut citer :
S’appuyant sur Denys, il y défend une théologie négative qu’il nomme science céleste et critique ceux qui oublient le caractère inconnaissable et ineffable de leur objet d’étude.
Dans ce traité, il tente d’appliquer à la théologie le principe tiré des Seconds analytiques d’Aristote : « toute science s’appuie sur des règles propres ». Mais, tandis que les règles des autres arts sont conventionnelles (grammaire), les règles de la théologie ont une nécessité absolue qui tient au caractère immuable de leur objet. Pour réaliser ce projet, il prend pour modèle d’exposition le Liber de Causis tiré de Proclus. Chaque règle y est suivie d’une démonstration de forme euclidienne. Il serait toutefois erroné de penser qu’Alain croit que les articles de foi soient démontrables. Il se contente d’établir des « raisons probables » qui amènent l’esprit des hérétiques à acquiescer par la raison, puisque l’autorité des Saintes Écritures ne leur suffit pas.
Alain de Lille a souvent été confondu avec d’autres personnages, en particulier Alain, l’archevêque d’Auxerre, Alan, abbé de Tewkesbury, Alain de Podio, etc. Certains faits de leurs vies lui ont été attribués, aussi bien que certains de leurs ouvrages : c’est ainsi que la Vie de saint Bernard devrait être rendue à Alain d’Auxerre et le Commentaire sur Merlin à Alan de Tewkesbury. Alan de Lille n’était pas l’auteur de Memoriale rerum difficilium, publié sous son nom, ni de l’Apocalypse satirique de Golias qu’on lui attribuait autrefois ; de même il est extrêmement douteux que Dicta Alani de lapide philocophico soit vraiment de sa plume.
Alain de Lille fit partie de la réaction mystique de la deuxième moitié du xiie siècle contre les premiers représentants de la philosophie scolastique. Son mysticisme, cependant, est loin d’être aussi absolu que celui des Victorins. Dans Anticlaudianus il exprime généralement l’idée que la raison, guidée par la prudence, peut par elle-même découvrir la plupart des vérités de l’ordre physique, mais pour l’appréhension des vérités religieuses elle doit se fier à la foi.
Le versant purement théologique de son œuvre en fait un représentant majeur de la grammaire spéculative appliquée à la théologie.
Ayant connu son floruit entre la somme théologique de Pierre Lombard et les œuvres de Thomas d’Aquin et Bonaventure, il restera durant les xiiie et xive siècles une des autorités citées communément par tous les auteurs.
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