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Dynastie Yuan (1279 – 1368)

  • Les lettrés, exclus des rouages de l’administration centrale, se trouvent confrontés, pour un grand nombre, au retrait obligé ou choisi loin de la cour et loin des grandes villes. Ce qui les amène vers des formes nouvelles d’expression et de nouveaux sujets. Ceux que l’on appelle aujourd’hui les « Quatre maîtres de la dynastie Yuan » : Huang GongwangWu ZhenNi Zan et Wang Meng74 furent les animateurs de la résistance au souverain Yuan. La disparition de l’Académie, qui imposait les règles depuis la cour des Song, leur offrit l’occasion de la liberté et de l’« individualisme ». Dans le choix des sujets, des sujets évoquant l’inflexibilité, le renouveau, la pureté et le retrait donnèrent tous leurs sens cachés aux peintures des « quatre nobles » : bambou, fleurs de prunier, orchidée et chrysanthème. Le pin, par sa résistance et sa longévité, et le lotus qui puise sa racine dans la boue pour produire une fleur magnifique, symbole bouddhiste, sont aussi des motifs chargés de sens qui reviennent souvent dans la peinture Yuan. Les relations, au sein d’une composition entre ses constituants approfondit leur signification : relation entre des arbres perçus comme s’ils incarnaient des gentilshommes (lettrés)75, relation entre bambou et rocher (l’un plie, l’autre résiste), entre espace vide et sujets soumis aux aléas des éléments, relation entre l’échelle minuscule d’un lettré retiré dans une humble chaumière ou un simple abris et la nature immense, montagne ou bord de mer.
  • Autre trait spécifique de la peinture à la période Yuan : l’archaïsme que l’on peut constater chez Zhao Mengfu (1254–1322) lui permet d’affirmer d’un seul geste la forme et la matière d’un rocher, comme dans ce rouleau portatif avec Rochers élégants et arbres épars, où rochers et troncs d’arbres sont évoqués d’un trait sec et rapide qui provient du tracé blanc évanescent de la calligraphie ancienne76. Dans le groupe d’un gentilhomme toungouse et de son cheval, il utilise un autre registre expressif, en style d’esquisse, et sait évoquer le vent de tempête, combiné avec un pinceau précis, pour les vêtements en particulier. L’archaïsme, qui lui fait se référer à des artistes comme Dong Yuan77 (des Cinq dynasties) ou plus anciens, des ve – vie siècle (consultables dans la collection impériale de Pékin), signifie pour lui simplicité dans les formes d’expression et économie de moyens dans la représentation de l’essence des choses, prises dans le temps et le changement perpétuel. Il resta un modèle pour de nombreuses générations. Il est aussi l’un des premiers à calligraphier sur le même support une composition littéraire personnelle78. Et, en tant que peintre de cour, il faut remarquer que les peintures de chevaux dans lesquelles il excellait étaient très appréciées de ces souverains venus des steppes et qui avaient conquis leur empire à dos de cheval.

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