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Époque de Heian (794-1185)

Époque de Heian (794-1185)

 

Avec le développement des sectes bouddhistes ésotériques Shingon et Tendai, la peinture des VIIIe et IXe siècles consiste en images religieuses, plus particulièrement celle des peintures de mandala (曼荼羅mandara?)19. De nombreuses versions de mandalas, les plus célèbres étant le « mandala du monde du diamant » et le « mandala de la matrice » au Tō-ji à Kyoto20,21, sont créés sous forme de rouleaux suspendus et aussi comme peintures sur les murs des temples22. Un remarquable exemple ancien se trouve à la pagode de quatre étages du Daigo-ji, temple situé au sud de Kyoto.

L’importance croissante des sectes de la Terre pure, du bouddhisme japonais à l’époque de Heian (shingon, courant du bouddhisme vajrayāna, et tendai) au Xe siècle, entraîne le développement de nouvelles images-types pour satisfaire les besoins de dévotion de ces sectes. Parmi celles-ci les treize bouddhas, à côté des images du Bouddha Vairocana. Les raigōzu (来迎図?) représentent le Bouddha Amida avec ses assistants bodhisattvas Kannon et Seishi, arrivant pour accueillir les âmes des fidèles défunts au paradis de l’ouest d’Amida.

Le fondateur de l’école Kose, Kose Kanaoka actif vers 880, a exécuté, selon les textes, une vue réaliste du jardin impérial. Il aborde à cette époque des thèmes délibérément japonais et non plus seulement chinois, et à ce titre il est considéré comme le créateur du style de peinture Yamato (yamato-e (大和絵?))23. Un remarquable exemple primitif de paysage datant de 1053 est peint à l’intérieur du bâtiment du Phénix, au Byodo-in, un temple situé à Uji, à Kyoto. Cette peinture est considérée comme un premier exemple de yamato-e , dans la mesure où elle intègre des collines aux formes douces qui semblent refléter quelque chose de l’aspect réel du paysage de l’ouest du Japon24. Stylistiquement cependant, ce type de peinture perpétue encore les traditions de la peinture de paysages du « style bleu et vert » de la dynastie chinoise Tang. Le genre yamato-e semble suivre de peu l’émergence d’une littérature en langue vernaculaire : compilation de poésies tanka, le Man’yōshū compilé fin VIIIe -début IXe siècle en caractères man’yōgana, précurseurs des caractères kana, puis Taketori monogatari (le Conte du coupeur de bambous), premier roman japonais, a été écrit peu après, fin IXe -début Xe siècle25.

Le milieu de l’époque de Heian est considéré comme l’âge d’or des yamato-e qui sont initialement utilisés pour les portes coulissantes (fusuma) et les paravents pliants (byōbu). Dès le milieu du IXe siècle, le paysage des quatre saisons est le sujet japonais typique de ces paravents. Ils reçoivent le poème en langue japonaise qui les a inspiré, écrit sur papier coloré et collé sur le paravent23. Cependant, de nouvelles formes de peinture apparaissent, surtout vers la fin de l’époque de Heian, dont l’emakimono, ou long rouleau portatif illustré. Différents emakimono illustrent des romans, tels que le Genji Monogatari26, des ouvrages historiques, tels que le Ban Dainagon Ekotoba et des œuvres religieuses.

Devant un incendie. détail du Rouleaux enluminés du grand courtisan Tomo no Yoshio. Seconde moitié du XIIe siècle.

Dans certains cas, les artistes d’emaki emploient des conventions narratives picturales utilisées dans l’art bouddhique depuis les temps anciens, tandis qu’en d’autres occasions, ils imaginent de nouveaux modes narratifs qu’ils pensent aptes à transmettre visuellement le contenu émotionnel du récit sous-jacent. Le Genji Monogatari est organisé en épisodes discrets, tandis que le Ban Dainagon Ekotoba, plus nerveux, utilise un mode de narration continue afin de souligner le mouvement vers l’avant du récit. Ces deux emaki diffèrent aussi du point de vue du style, avec les coups de pinceau rapides et la légère coloration du Ban Dainagon qui contrastent de façon frappante avec les formes abstraites et les vifs pigments minéraux des rouleaux du Genji. Le « siège du palais de Sanjō » est un autre exemple célèbre de ce type de peinture.

Les e-maki comptent aussi parmi les plus anciens et les plus grands exemples des styles de peinture otoko-e (images d’hommes) et onna-e (images de femmes). De nombreuses subtilités différencient les deux styles. Bien que les termes semblent suggérer les préférences esthétiques de chaque genre, les historiens de l’art japonais ont longtemps débattu de la signification réelle de ces termes qui restent cependant flous. Les différences entre les thèmes sont peut-être les plus facilement perceptibles. Le style onna-e, symbolisé par le rouleau du Le Dit du Genji, traite généralement de la vie de cour et des romans courtois tandis que le otoko-e, représente souvent des événements historiques et / ou semi-légendaire, en particulier des batailles ou des vies merveilleuses de moine bouddhistes comme les rouleaux des légendes du mont Shigi.

Le paysage peut se déployer sur les paravents. Probablement le plus ancien, XIe – XIIe siècle, le paravent avec paysage du Tô-ji (aujourd’hui au Musée National de Kyôto) présente une scène narrative dans un vaste paysage d’inspiration chinoise, témoignant de sa proximité avec la peinture chinoise, en bleu et vert, mais avec une attention à évoquer les environs de Kyoto et le monde des oiseaux, qui sont, tous deux, de sensibilité japonaise27.

 

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