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L’art du vitrail

L’histoire du vitrail L’histoire du vitrail L’histoire du vitrail Le vitrail était connu dès l’Antiquité, à Byzance, à Rome, à Ravenne et en Gaule, mais c’est seulement à l’époque romane que la technique de cet art s’est fixée et que son usage s’est répandu. Les premiers vitraux peints proviennent d’Allemagne (de Lorsch, dans la Hesse, et de Magdebourg) et semblent dater du Xe siècle. A peu près à la même époque, il existait des vitraux en Champagne et en Bourgogne.

 

A partir de l’an 1100, commence une période faste pour le vitrail. Les premiers ateliers s’installent à Chartres. Puis l’abbé Suger dote la basilique Saint-Denis, premier édifice gothique, d’une parure de vitraux. Un moine Rhénan, Théophile, rédige un ouvrage sur l’art du vitrail qui sera le livre de chevet des maîtres-verriers jusqu’à nos jours. Le vitrail est bien entendu le reflet des connaissances de l’époque : les sujets sont traités avec simplicité, un tracé plutôt byzantin, avec des personnages expressifs, aux silhouettes puissantes, peints sur des verres aux coloris clairs et hardis. Les couleurs sont chargées de symboles : par exemple, le jaune évoque la traîtrise, la fausseté. Quelques personnes représentent une foule, deux buissons une forêt, une main sortant d’un nuage évoque Dieu le Père. Au XIIIe siècle, avec le développement du style gothique et ses grandes baies vitrées, c’est l’apogée du vitrail (la Sainte-Chapelle à Paris en est l’exemple le plus éblouissant). Dès 1230, la cathédrale de Chartres se pare de ses 173 verrières, soit plus de 2000 m2. On assiste aux premières représentations des donateurs (nobles, souverains, etc.) sous forme de blasons, de scènes d’artisans, plus rarement de portraits. 6 Sklerijenn n° 50 Au XIVe siècle, chlorure et sulfure d’argent sont introduits dans la technique et permettent d’illuminer cheveux, nimbes et ornements divers. Mais les conditions difficiles de ce siècle (guerres, pestes, famines) débouchent sur une simplification de la composition et, dans la décoration, sur une place plus grande accordée aux éléments d’architecture et aux tissus damassés. Avec la guerre de Cent Ans, on assiste aussi à de nombreuses destructions d’édifices. En Bretagne, il existe peu d’œuvres antérieures au XVe siècle. La technique va poursuivre cependant son évolution : les plombs laminés permettant l’emploi de verres plus minces et de plus grandes dimensions, une nouvelle substance pour peindre sur verre, le Jean Cousin, sorte de sanguine qui traduit bien les carnations de la peau. Fleurs, paysages, animaux, signatures des donateurs, autant de nouveaux éléments qui envahissent les vitraux. Le XVIe siècle verra le crépuscule du vitrail avec la crise monétaire du milieu du siècle, les guerres de religion. Et ce mépris pour le vitrail se poursuivra dans les deux siècles qui suivront. De plus, près du tiers des verrières anciennes disparaissent dans la tourmente révolutionnaire : le plomb va servir à fondre des balles pour l’armée de la République. Le vitrail souvent porteur d’armoiries apparaît comme symbole de la féodalité. Heureusement, certains vitraux vont être murés à la hâte ou enduits de bouse et de paille échappant ainsi à la destruction. Au XIXe siècle, à la signature du Concordat en 1801, lorsque les églises sont rendues au culte, on mesure l’ampleur des dégâts. La profession de maître-verrier a disparu du pays. Seules trois couleurs sont alors disponibles en France : le bleu, le jaune et le blanc, les autres sont prélevées sur des vitraux anciens. Il faudra attendre les années 1830 pour voir se mettre en place une véritable industrie du vitrail pour assurer les énormes besoins de restauration et de création. Des maîtres-verriers anglais et hollandais vont fournir leurs secrets et de nouvelles techniques de peinture sur verre apparaissent. C’est également l’époque où le vitrail apparaît dans les édifices publics (restaurants, brasseries, etc.) Au XXe siècle, la guerre 1914-1918 conduira à de nouvelles destructions et entre les deux guerres apparaît la dalle de verre. Après la Seconde Guerre mondiale souffle un grand renouveau dans l’art sacré et l’on voit surgir de nombreuses œuvres réalisées par des artistes comme Henri Matisse, Georges Rouault, Georges Braque, Marc Chagall, etc. La découverte d’un vitrail La découverte d’un vitrail La découverte d’un vitrail La découverte d’un vitrail Plutôt que de s’attarder sur la technique de fabrication du vitrail, avec les élèves, nous vous proposons d’aller à la découverte des vitraux. Ce sera une occasion de plus de pénétrer dans une église dans des conditions différentes de celles que les enfants peuvent expérimenter lorsqu’ils participent aux célébrations dominicales ou à celles de l’école. Le vitrail est une atmosphère : pour aller à la découverte d’un vitrail, choisissons le jour et le moment de la journée : journée ensoleillée, choix de l’angle de réflexion de la lumière sur le vitrail… C’est ainsi que nous pourrons véritablement faire découvrir aux enfants la richesse des couleurs. Si nous y ajoutons le silence, la fraicheur d’une église, la hauteur de la nef, nous leur permettons de vivre un 7 Sklerijenn n° 50 moment différent, riche en sensations… Laissons le temps aux élèves de savourer cet instant…

 

Le vitrail est une image :

 

c’est d’abord une image contenue dans une architecture de pierre faite en deux parties : – – La partie supérieure (ou réseau ou remplage) qui peut comporter une rose, un ou deux soufflets (de forme symétrique) et des mouchettes (de forme asymétrique) La partie inférieure ou lancettes comportant plusieurs étages. Tout de suite, il faut retenir le principe de lecture du vitrail, de gauche à droite en commençant par le bas, principe essentiel quand le vitrail veut nous raconter un récit en plusieurs épisodes. Que vont dire ces images ? Elles nous disent beaucoup de choses et font appel à de nombreux symboles à repérer pour comprendre les messages. Repérons les principales scènes qu’on trouve dans les vitraux : – Des scènes des évangiles canoniques ou apocryphes, scènes de l’enfance de Jésus ou relations de miracles, scènes aussi de la vie de Marie (par exemple, sainte Anne apprenant à lire à sa fille), etc. La recherche qui peut se faire alors, c’est de repérer les extraits bibliques correspondant à ces scènes. – – – Des scènes empruntées à l’histoire de l’Église : c’est ainsi que dans la cathédrale de Saint-Brieuc, le vitrail du Saint-Sacrement mêle des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament et évoque également les conciles de Nicée, Latran et Trente. Des scènes empruntées à la vie des saints, protecteurs de la paroisse : la vie de saint Thégonnec à Plogonnec, celle de saint Mathurin à Moncontour. Et très souvent les maitres-verriers en Bretagne ont fait appel à la légende des saints bretons. Des scènes relatant aussi des événements de la vie locale : les vitraux patriotiques (des œuvres rendant hommage aux morts pour la France pendant la Grande Guerre, comme dans la cathédrale de Tréguier où saint Yves bénit un mourant) ou encore des vitraux en lien avec un drame de la mer (dans la chapelle de Perros-Hamon en Ploubazlanec, les vitraux rappelant la grande pêche à Terre-Neuve avec le naufrage du brick « Ville du Havre » parti de Paimpol en 1841). La lecture des vitraux fait aussi appel à de nombreux symboles qu’on ne peut ici rappeler de façon exhaustive. Citons quelques exemples : – Les symboles des évangélistes souvent représentés sur les vitraux : ils font référence à deux passages de la Bible : la vision du prophète Ezéchiel (Ez. 1, 521) et l’Apocalypse de Jean (Ap. 4, 6-7). Saint Jérôme donne l’explication de ce choix : l’homme a été attribué à Matthieu parce qu’il commence son évangile par une généalogie humaine de Jésus (Mt 1,1-17), le lion à Marc 8 Sklerijenn n° 50 parce que, dès les premières lignes de son récit, il évoque « la voix qui crie dans le désert » qui ne peut être que le rugissement du lion (Mc 1,3), le taureau, animal sacrificiel par excellence, à Luc à cause du récit du sacrifice offert au temple de Jérusalem par Zacharie placé au début de cet évangile (Lc 1,5), l’aigle à Jean parce que cet évangéliste atteint les sommets de la doctrine comme l’aigle atteint les sommets des montagnes. – – Les couleurs : là encore, comme dans les icônes, elles ont une signification. Le blanc c’est la victoire, le monde divin, la résurrection, la lumière ; le rouge évoque la violence, le martyre, l’Esprit saint à cause des flammes de la Pentecôte… Les symboles de la sainteté ou de la divinité : l’auréole en cercle, la mandorle en amande, le nimbe (cercle doré entourant la tête du saint, nimbe parfois carré pour de personnages importants comme les rois ou les papes) ; la main de création ou de bénédiction du Christ en majesté ; la flamme ou la colombe pour désigner l’Esprit saint ; la croix pour la passion. Ajoutons à tout cela les nombreux blasons ou armoiries que l’on trouve sur les vitraux et qui indiquent le rôle important joué par les donateurs dans la construction et l’embellissement des églises et des chapelles. Un exemple de vitrail à déchiffrer : l’arbre de Jessé C’est à partir du XVIe siècle que l’utilisation de l’arbre généalogique pour représenter la famille se développe. Mais dès le XIIe, la parenté du Christ prend la forme de l’arbre de Jessé. D’ailleurs cette métaphore végétale existait déjà dans la représentation de la croix du Christ par un arbre verdoyant ou couvert de fleurs ou encore celle de Jésus crucifié sur une vigne ou écrasé au pressoir tel une grappe de raisin. Le thème de l’arbre de Jessé s’inspire de deux récits bibliques : une prophétie d’Isaïe annonçant le venue du Christ en ces termes : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton jaillira de ses racines. Sur Lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Isaïe 11, 1-2) et l’évangile de Matthieu présentant la généalogie du Christ où il est écrit : « Jessé engendrera le roi David ». De Jessé, couché sur le dos, sort un arbre portant sur son tronc David et Salomon, ancêtres de Jésus et sur ses rameaux les prophètes messianiques. L’une des plus belles représentations de cet arbre se situe dans la cathédrale de Chartres. Sur ce vitrail, le Christ trône au sommet d’un arbre qui plonge ses racines dans le corps de Jessé ; dans les fourches des branches se tiennent les rois de Juda, puis Marie. Sept colombes entourant le corps du Christ symbolisent les dons de l’Esprit-saint cités dans le texte d’Isaïe. De chaque côté se superposent les prophètes qui ont annoncé le Messie ; les pieds nus, ils tiennent des banderoles sur lesquelles leurs noms sont inscrits ; la main de Dieu ou la colombe qui descend au dessus de leur tête les désigne comme des inspirés. Ce vitrail est plein de dimension symbolique – – – – Les rois s’inscrivent dans des carrés, le carré représentant le monde créé, donc la terre. Les 14 prophètes eux s’inscrivent dans des demi-cercles, le cercle étant le symbole de Dieu, de l’Esprit. Le chiffre 7 : les 7 colombes entourant la tête du Christ. Le chiffre 14 : référence à la généalogie du Christ dans saint Matthieu où les ancêtres sont citées en 3 groupes de 14 ; le 14 est symbole de la royauté de 9 Sklerijenn n° 50 David car en hébreu David s’écrit DVD et chaque lettre a son chiffre (6+4+6 = 14). Tout ceci nous conduit à mieux percevoir la richesse de cette œuvre d’art qu’est un vitrail : à nous d’imaginer les approches possibles avec des élèves pour découvrir cette richesse. Alors que faire ? – – – – Aller à la découverte des vitraux de l’église paroissiale Garder des traces des vitraux en faisant appel au dessin ou à la photographie Réaliser un vitrail original (un site conseillé pour cette réalisation : http://www.idees-cate.com/ ) Fabriquer un vitrail à la manière de Matisse… – Rencontrer un maitre-verrier. Pour aller plus loin : Des sites : http://www.infovitrail.com/ vous dit tout sur le vitrail http://crdp.ac-reims.fr/cddp10/ressources/mediatheque/dossiers/vitrail/default.htm vous fait découvrir la verrière de la cathédrale de Troyes.

Yvon Garel

 

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