Le théâtre Bolchoï (en russe : Большой театр / Bol’šoj teatr, « Grand Théâtre ») est une scène prestigieuse de Moscou, en Russie. Situé non loin du Kremlin, des pièces de théâtre, des opéras et des ballets y sont représentés. Le théâtre peut accueillir jusqu’à 1800 personnes.
Le théâtre Bolchoï, rénové plusieurs fois depuis sa construction, est un symbole de Moscou et de la Russie (son image néoclassique étant exposée sur le billet russe de 100 roubles). Le , après six ans de travaux de rénovation pour un coût de 21 milliards de roubles (environ 530 millions d’euros)1,2, le théâtre rouvre ses portes.
Le Lac des Cygnes 1989
Historique
La troupe du Bolchoï est fondée en 1776 par le prince Pierre Ouroussoff et Mikhaïl Medoks. Au commencement, la compagnie donnait des spectacles dans des lieux privés, mais en 1780 elle acquit le théâtre Petrovsky et commence à produire des pièces et des opéras. Dès ses débuts, le théâtre Bolchoï accueille à domicile sa compagnie de ballet.
Le bâtiment a été construit en 1825 sur l’emplacement du théâtre Petrovsky, ravagé par un incendie en 1805. Il a été conçu par l’architecte Joseph Beauvais, qui avait également bâti le théâtre Maly un an avant. Il a été surnommé « Bolchoï » (grand théâtre) pour le distinguer du Maly (petit théâtre). Le théâtre est inauguré le . Il présentait d’abord uniquement des spectacles russes, mais à partir de 1840, de nombreux compositeurs étrangers ont contribué à étendre son répertoire. Il est à nouveau ravagé par un incendie en 1853, puis reconstruit à l’identique en 1856.
Le Bolchoï a été le lieu de nombreuses premières historiques, dont, le , le célèbre ballet Le Lac des cygnes de Tchaïkovski ou encore des compositions de Rachmaninov. Cependant, durant cette période (fin des années 1870), le Bolchoï n’est pas encore la scène prestigieuse qu’il deviendra au xxe siècle et les spectacles proposés souffrent de la comparaison avec ceux du Mariinski de Saint-Pétersbourg. Le bâtiment, en revanche, reconstruit après l’incendie de 1853, est d’une splendeur sans égale et n’a rien à envier à son homologue pétersbourgeois3. Le a lieu l’inauguration officielle du Bolchoï. Le , on y représente en avant-première Boris Godounov de Modeste Moussorgski.
xxe siècle
Le , on y représente La Pskovitaine de Nikolaï Rimski-Korsakov, avec Fédor Chaliapine incarnant Ivan le Terrible. Le , le statut de Théâtre impérial est supprimé. La salle Beethoven est inaugurée le . Le , le théâtre fête son 100e anniversaire. En 1935, on y représente Lady Macbeth du district de Mtsensk de Dmitri Chostakovitch. En 1937, la compagnie reçoit l’ordre de Lénine.
Le Bolchoï est évacué pendant la Grande Guerre patriotique (1941-1945) au théâtre d’opéra et de ballet de Kouïbychev (aujourd’hui Samara). Samuel Samossoud y dirige en 1942 la première de la symphonie no 7 de Chostakovitch dédiée à Léningrad assiégée.
En 1964, la direction de la troupe est confiée à Iouri Grigorovitch qui restera à ce post jusqu’en 1994. Il y adapte, en 1968, la nouvelle chorégraphie de Spartacus d’Aram Khatchatourian, avec Vladimir Vassiliev et Māris Liepa incarnant respectivement Spartacus et Crassus.
En , à l’occasion du 67e anniversaire de la Révolution d’Octobre, la troisième version de l‘Hymne de l’Union Soviétique y est enregistrée. Il a été demandé aux chanteurs de donner le maximum d’eux-mêmes pour cet enregistrement. Le son de l’hymne a par la suite été lié à un clip de propagande relatant les bienfaits de la société communiste et diffusé sur toutes les chaînes de la télévision soviétique.
xxie siècle
De jusqu’à , le théâtre ferme pour cause de rénovation. Les travaux devaient prendre fin en , mais s’achèvent finalement le . La cérémonie d’ouverture est rediffusée en direct sur de nombreuses chaînes de télévision et sur YouTube dans la même soirée. L’ensemble du théâtre, intérieur comme extérieur, a été rénové, notamment la façade qui, d’après une décision du conseil héraldique russe d’, voit ses armoiries de l’URSS remplacées par celles de la Fédération de Russie.
À Saint-Pétersbourg, le théâtre Mariinsky, appelé Le Kirov pendant la période soviétique, est l’éternel rival du théâtre Bolchoï : leurs danseurs sont formés différemment, ce qui a longtemps fait dire qu’il y avait deux écoles de danse en Russie — les danseurs du Bolchoï se devant d’être plus athlétiques et démonstratifs que ceux du Mariinsky, au travail plus axé sur le lyrisme et l’émotion. Toutefois, depuis l’implosion du bloc soviétique et l’ouverture sur l’Occident, ces différences tendent à s’estomper.
Directeurs musicaux depuis 1904
- Sergueï Rachmaninov (1904-1906)
- Samuel Samossoud (1936-1942)
- Arii Pazovski (en) (1943-1948)
- Nikolaï Golovanov (1948-1953)
- Alexandre Melik-Pachaïev (1953-1963)
- Ievgueni Svetlanov (1963-1965)
- Guennadi Rojdestvenski (1965-1970)
- Iouri Simonov (1970-1985)
- Alexandre Lazarev (1987-1995)
- Peter Feranec (en) (1995-1998)
- Mark Ermler (1998-2000)
- Alexandre Vedernikov (2001-2009)
- Leonid Desyatnikov (2009-2010)
- Vassili Sinaïski (2010-2014)
- Tugan Sokhiev (depuis 2014)
Troupe actuelle du ballet
- Ballerines
- Maria Alexandrova
- Svetlana Zakharova
- Maria Allach
- Natalia Ossipova
- Anna Antonitcheva
- Ilze Liepa
- Svetlana Lounkina
- Marianna Ryjkina
- Ekaterina Chipoulina
- Galina Stepanenko
- Danseurs
- Nikolaï Tsiskaridzé
- Andreï Ouvarov
- Sergueï Filine
- Dmitri Goudanov
- Yuriy Shcherbakov
- Ivan Vassiliev
- Guennadi Yanine
- Vladimir Neporogzny
- David Hallberg
Notes et références
- « La rénovation du théâtre Bolchoï »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Rianovosti (consulté le 29 octobre 2011).
- (en) « Bolshoi Theatre to reopen after major refit » [archive], sur bbc.co.uk, (consulté le 29 octobre 2011).
- Pascale Melani, « Souvenir d’un amateur d’art lyrique à Moscou » dans Pascale Goetschel, Jean-Claude Yon (dir.), Au théâtre ! La Sortie au spectacle (XIXe–XXIe siècles), coll. « Histoire contemporaine », Paris, La sorbonne, , 322 p. (ISBN 978-2-85944-877-6).
Bibliographie
- Simon Morrison, Bolchoï confidentiel, Belfond, , 413 p.
Liens externes
- (ru) (en) Site officiel [archive].