Car l'un ne va pas sans l'autre !
Mansur al-Hallaj, (nom complet: Abū `Abd Allah al-Ḥuṣayn Manṣūr al-Ḥallāj — arabe: منصور الحلاج, persan: منصور حلاج, Mansūr-e Ḥallāj), né vers 858 (244 de l’Hégire), mort le 26 mars 922 (309 de l’Hégire) à Bagdad, est un mystique persan1 soufi, d’obédience sunnite2,3. Il est l’auteur d’une œuvre abondante visant à renouer avec la pure origine du Coran et son essence verbale et lettrique.
C’est à Louis Massignon, spécialiste de la mystique islamique, que le lecteur occidental doit la redécouverte des textes d’al-Hallaj4, dont il fut le premier traducteur en langue européenne.
Probablement né en 244 de l’Hégire (vers 858 du calendrier grégorien) dans la province de Fars en Iran, son grand-père, selon la tradition, était un zoroastrien et descendait de Abu Ayub, un compagnon de Mahomet[réf. nécessaire]. Son père vint travailler dans la ville de Wasit et se lança dans le commerce de la laine. Son nom, al-Hallaj, signifie : le cardeur de laine.
Peu satisfait par l’enseignement traditionnel du Coran, et attiré par une vie ascétique, al-Hallaj fréquenta des maîtres du soufisme comme Sahl ibn ‘Abd Allāh al-Tustārī (qui fut son premier maître), ‘Amr ibn ‘Uthman al-Makki, Ibn ‘Aṭâ al-Adamî, et Abu al-Qasim al-Junayd, alors hautement respectés.
Al-Hallaj épousa la fille du maître soufi Abu Ya’qub al-Aqta’ avec qui il eut trois fils.
Al-Hallaj voyagea beaucoup et fut prédicateur en Iran, puis en Inde et jusqu’aux frontières de la Chine. Rentré à Bagdad, il est suspecté aussi bien par les sunnites que par les chiites pour ses idées mystiques (recherche de l’amour divin et de l’union de l’âme et de Dieu) et son influence sur les foules. Il est — faussement — accusé d’avoir participé à la révolte des Zanj, mais sa condamnation proprement dite résulte du fait qu’il avait proclamé publiquement « Je suis la Vérité (Dieu) » (« Ana al haqq »), ce qui était vu comme une hérésie, aussi bien dans le sunnisme que dans le chiisme.
Cette affirmation, si elle ne doit théoriquement pas être publique, n’est pas incongrue dans le milieu soufi où ce genre de propos est considéré comme émanant d’un homme qui, « fondu » dans l’« océan de la divinité », possède un rang spirituel très élevé. Les traductions de Louis Massignon viennent appuyer cette thèse, la plupart des versets du Diwan de Hallaj traitant de la « science de l’Unité » (Tawhid).
Ne voulant pas renier ses propos publics, Hallaj est condamné à mort et crucifié5 à Bagdad le 27 mars 922, la recherche d’une relation directe avec Dieu étant perçue par l’islam officiel comme une rupture intolérable de la charia6. Il restera un des plus célèbres condamnés soufis et son supplice sera mentionné de nombreuses fois , par exemple dans les écrits de Rûmî.
La poésie de Hallaj est continuellement traversée par la notion d’union mystique7.
Informe la gazelle, ô brise, dans ta course,
Que ma soif est accrue quand je puise à sa source !
Et cette Bien-aimée, dans mes boyaux soustraite,
Si Elle le voulait, courrait sur mes pommettes !
Son esprit est le mien et le mien est le Sien,
Ce qu’Elle veut je veux et mon vœu Lui convient ! 8
– Poèmes Mystiques traduits par Sami-Ali (Albin Michel, 1998)
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