Pierre-Karl Fabergé (né le à Saint-Pétersbourg en Russie et mort le à Lausanne en Suisse) est un joaillier russe d’origine germano-danoise mieux connu sous le nom de Karl Fabergé. Il est connu pour ses œufs de Fabergé, bijoux ayant la forme des œufs de Pâques, réalisés à partir de métaux et de pierres précieuses.
Biographie
Pierre-Karl Fabergé est issu par son père d’une famille protestante allemande de la Baltique, dont la branche paternelle est originaire de La Bouteille (Picardie) et a émigré en Allemagne après la révocation de l’Édit de Nantes, puis dans la province balte de Livonie faisant alors partie de la Russie impériale en 1800, avant de rejoindre finalement Saint-Pétersbourg dans les années 1830.
Il est le fils de Gustave Fabergé, joaillier, et de Charlotte Jungstedt, de nationalité danoise. La famille fréquente la paroisse suédoise de Saint-Pétersbourg. En 1842, son père ouvre à son compte une joaillerie au 24 rue Bolchaïa Morskaïa, à Saint-Pétersbourg. La maison est reconstruite par l’architecte Carl Schmidt en 1899-1900.
Ayant passé toute son enfance à Saint-Pétersbourg, Pierre-Karl suit ses parents qui déménagent pour Dresde, en 1860, laissant l’entreprise familiale entre les mains de gestionnaires de confiance. À Dresde, Pierre-Karl suit des cours à l’École des arts et métiers. En 1864, Pierre-Karl part pour réaliser un Grand Tour d’Europe. Il complète sa formation auprès d’orfèvres respectés en Allemagne, en France et en Angleterre, et découvre les objets exposés dans les galeries des plus grands musées d’Europe. Il poursuit son voyage d’étude jusqu’en 1872 lorsque, à l’âge de 26 ans, il revient à Saint-Pétersbourg et épouse Augusta Julia Jacobs. Pendant les dix années qui suivent, l’artisan Hiskias Pendin, employé par son père, deviendra son mentor et tuteur.
À la suite de son père Gustave, Karl prend en main les destinées de la maison Fabergé en 1870. À cette époque, la société participe au catalogage, à la réparation et à la restauration des objets de l’Ermitage. En 1881, l’entreprise emménage dans des locaux plus spacieux de plain-pied au 16-18 rue Bolchaïa Morskaïa.
À la mort de Hiskias Pendin en 1882, Pierre-Karl Fabergé est désormais seul pour gérer la société. Il reçoit le titre de maître orfèvre, qui lui permet d’utiliser son propre poinçon en plus de celui de l’entreprise. La réputation de Fabergé était telle que le délai d’examen habituel de trois jours ne fut pas nécessaire à l’octroi de la distinction[réf. nécessaire]. Son frère, Agathon, créateur talentueux, rejoint l’entreprise depuis Dresde, où il avait également étudié à l’École des arts et métiers [réf. nécessaire]. La maison Fabergé diversifie sa production et commence à exécuter des objets fantaisie, et non plus seulement des bijoux.
Karl et Agathon font sensation à l’exposition pan-russe qui se tient à Moscou en 1882. Karl y reçoit la médaille d’or de l’Exposition et la médaille de Saint-Stanislas. Au cours de cette exposition, Fabergé est remarqué par Alexandre III qui lui commande des boutons de manchettes en forme de cigales. Une des pièces de Fabergé présentée lors de l’exposition était une réplique d’un bracelet en or du ive siècle av. J.-C. faisant partie du trésor des Scythes exposé à l’Ermitage. L’empereur déclara qu’il ne pouvait pas distinguer le travail de Fabergé de l’original et ordonna que les objets de la Maison Fabergé soient présentés à l’Ermitage comme des exemples superbes de l’artisanat russe contemporain.
En 1884, Alexandre III lui accorde le privilège d’être le fournisseur de la Cour impériale, le plaçant en concurrence directe du bijoutier suédois Bolin. Il le restera sous Nicolas II. Il fut également reconnu auprès des cours du Royaume-Uni, de Thaïlande, de Suède et de Norvège. La firme fabriquait plus de 100 000 pièces en 1914. Il ouvre deux autres magasins, l’un à Moscou et l’autre à Odessa.
Le comité des employés de la coopérative K. Fabergé prendra la direction de la société à la suite de la Révolution russe de 1917. Karl quitte la Russie en septembre 1918.
Il meurt deux ans plus tard à Lausanne, en Suisse. Il a été inhumé au cimetière du Grand Jas de Cannes en France.
Créations
Il est connu pour ses créations d’objets décoratifs raffinés : œufs, fleurs, bijoux, figurines, cadres, pendules, boîtes, etc.
En 1885, le tsar Alexandre III offre le premier œuf de Pâques Fabergé à sa femme Marie Fedorovna. À première vue, cet œuf avait l’aspect d’un œuf ordinaire, en émail blanc, mais à l’intérieur se trouvait une surprise : une poule multicolore en or, avec à l’intérieur une couronne, et dans la couronne un petit œuf en rubis.
L’impératrice fut tellement ravie que chaque année le tsar commandait pour elle un œuf à Pierre-Karl Fabergé. À la mort d’Alexandre III en octobre 1894, son fils, Nicolas II, continue la tradition et commande deux œufs à Fabergé, l’un pour sa jeune épouse, Alexandra Fedorovna, et l’autre pour sa mère. En tout 52 œufs impériaux furent réalisés, dont 2 prévus pour 1918, les œufs Constellation et Bouleau de Carélie, qui n’ont pas été présentés à cause de la Révolution de 1917. 7 de ces 52 œufs sont encore portés disparus…
Dans la conception de ses œufs, Fabergé utilisait en priorité des pierres semi-précieuses de l’Oural, dont les plus caractéristiques sont la néphrite (sorte de jade vert), la bowénite (pierre vert clair à blanc), la rhodonite (rouge marbré de noir), mais également, entre autres, le cristal de roche et l’agate ; les émaux souvent guillochés de façon remarquable et les métaux nobles, dont l’or de quatre couleurs (jaune, blanc, rose et vert).
Il diversifie ses styles – beaucoup de « néo » : rococo, Louis XVI, Empire, Renaissance, un peu d’art nouveau (l’œuf au muguet, quelques vases et plats) et, dans la succursale de Moscou, un style panslave.
Certaines pièces préfigurent de façon troublante l’art déco, voire le modernisme. Ses objets évoquent l’art de vivre de la dynastie des Romanov juste avant sa chute.
Anecdotes
- Une horloge Fabergé ayant appartenu à la princesse Margaret a été vendue aux enchères pour 1,24 million de livres sterling (1,55 million d’euros) en juin 2006.
- Le 28 novembre 2007, l’œuf Rothschild de Fabergé a été vendu aux enchères pour près de neuf millions de livres (12,5 millions d’euros) par la maison de vente Christie’s.
- Dans un James Bond (Octopussy), on peut voir une reproduction d’un chef d’œuvre de Fabergé.
- Le film d’animation Le Magicien de la fin du siècle, de la série Détective Conan, Sorti en 1998 au Japon et en 2008 en France, relate une enquête à propos d’un œuf de Fabergé.
- Dans Ocean’s Twelve, le défi lancé par le célèbre voleur Toulour est de voler un œuf de Fabergé.
- Dans Intouchables, l’œuf volé par Driss (Omar Sy) pendant l’entretien d’embauche est un œuf de Fabergé.
- Dans The Code (en français Comme un voleur), Morgan Freeman engage Antonio Banderas pour l’aider à voler deux œufs Fabergé d’une valeur de 40 millions de dollars.
- Google lui consacre un Doodle en l’honneur de son 166e anniversaire, le 30 mai 2012.
- Dans l’épisode Un casse sans casse des Simpson, Marge et ses nouvelles amies tentent de voler les œufs de Fabergé de Monsieur Burns.
- Dans le film français Fantôme avec chauffeur, sorti le 20 mars 1996, la conversation prouvant le meurtre de Philippe Bruneau-Teissier, interprété par Philippe Noiret, par Édouard Martigues, interprété par Jean-Luc Bideau, est enregistrée sur une cassette cachée dans un œuf de Fabergé.
- Dans le manga The Qwater of Stigmata, un œuf de Fabergé est une clé pour ouvrir le temple contenant le Theotokos of Tsarytsin
- Dans le 5e épisode de la saison 3 de Peaky Blinders, un œuf de Fabergé fait partie des bijoux choisis par Alfie Solomons pour Tommy Shelby comme paiement de blindés destinés aux contre-révolutionnaires russes.
Notes et références
- Construite en 1899-1900 par Carl Schmidt.
Liens externes
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