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Car l'un ne va pas sans l'autre !

Les formes poétiques

La forme fixe est la forme de poème qui respecte les codes et les règles de composition. La structure de ces formes est toujours identique. Ces règles concernent surtout le nombre et le type de vers ou de strophes. Mais aussi des rimes et de leur disposition.

La ballade

La ballade apparaît au Moyen-Age. C’est une forme fixe qui se compose de trois strophes de la même longueur, se terminant toutes par un refrain qui tient le plus souvent sur un seul vers.

C’est le décasyllabe, vers de dix syllabes, qui est le plus employé. Puis, s’ajoute une dernière strophe, plus courte et qui se nomme l’envoi.

Exemple de ballade dans la littérature : La ballade des dames du temps jadis, François Villon, publié en 1489

L’envoi :

Prince, n’enquérez de samine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan !

Le rondeau

Le rondeau est aussi une forme fixe qui apparaît au Moyen-Age et qui est souvent employée pour des sujets galants.

Il se compose de trois strophes et de treize ou quatorze vers. À la fin de la deuxième et la troisième strophe, le premier hémistiche est repris pour composer un refrain.

Exemple de Rondeau : Ma foi, c’est fait de moi, du poète français Vincent VOITURE, au 17e siècle

deuxième strophe :

En voilà cinq pourtant en un monceau.
Faisons-en huit, en invoquant Brodeau,
Et puis mettons : par quelque stratagème.
Ma foi, c’est fait.

Le sonnet

Le sonnet, lui, apparaît en France à partir de la Renaissance puisqu’il était déjà utilisé dans la poésie italienne. Il est composé de deux quatrains et de deux tercets. La forme du vers est le plus souvent en alexandrin. Le dernier vers est la conclusion du poème qui se nomme la chute.

Exemple : Bohémiens en voyage, du poète français Charles Baudelaire, 1857

La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

L’ode

L’ode est la forme poétique du poème lyrique qui naît dans l’Antiquité. Il contient plusieurs groupes de trois strophes de même longueur.

L’ode célèbre une personne, un sujet religieux ou philosophique.

Exemple : Ode sur les intimations d’immortalité des souvenirs de la petite enfance, de William Wordsworth, 1804

Il fut un temps où la prairie, le bosquet ou le ruisseau,

La terre et chaque vue commune

Pour moi, il me semblait

Habillé de lumière céleste,

La gloire et la fraîcheur d’un rêve.

Le pantoum

Le pantoum est très musical par son principe de répétition. Il contient des quatrains d’octosyllabes et le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe sont repris respectivement comme premier et troisième vers de la strophe suivante. Puis, le tout dernier vers du poème reprend le premier.

Exemple : Poèmes tragiques, « Pantouns Malais I », du poète français Leconte de Lisle, 1884

L’éclair vibre sa flèche torse
À l’horizon mouvant des flots.
Sur ta natte de fine écorce
Tu rêves, les yeux demi-clos.

Le haïku

Le haïku est une forme poétique japonaise, brève, qui célèbre l’évanescence des sensations que suscitent les choses. Il doit évoquer une saison, la nature et les choses simples. C’est une forme très concise, dix-sept temps en japonais, en 3 vers.

 

Exemple: L’un des poèmes haïku les plus connus de Bashō :

Un vieil étang
Une grenouille saute dans
le son de l’eau

Les formes poétiques libres

 

La poésie en vers libres est apparue à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Cette apparition permet de nouvelles possibilités créatrices d’émerger puisque le poème de forme libre ne suit plus aucune règle.

Que ce soit sur la longueur des vers, la longueur des strophes, la disposition du poème sur la page, il n’y a plus de règles. La rime ne devient donc plus un élément indispensable dans la création du poème.

Et comme il n’y a aucune règle, une même forme pourra donner lieu à des caractéristiques variées. 

 

Le calligramme

Le calligramme a une présentation graphique avec une forte dimension visuelle. Il forme le dessin de ce qui est représenté par le poème. Guillaume Apollinaire en est l’un des plus grands poètes représentants.

Exemple : La colombe et le jet d’eau, de l’auteur français Guillaume Apollinaire, 1918

la-colombe-et-le-jet-d'eau

La fable

La fable est une forme de poème qui apporte le plus souvent une morale par l’histoire qu’elle raconte. Ses sujets sont des animaux pour la plupart et sa longueur est variable. 

Exemple du poète français Jean de la Fontaine, avec La Cigale et la Fourmi, 1668

La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.

L’élégie

L’élégie est un chant plaintif de l’Antiquité. Il traite de la disparition d’un proche ou de l’être aimé. 

Exemple : Lycidias du poète anglais John Milton, 1637

 Une contrainte amère et une triste occasion chère,
M’oblige à perturber votre saison à cause :
Car Lycidas est mort, mort avant son apogée,
Jeune Lycidas, et n’a pas quitté son pair.

Le blason 

Le blason est une forme de poème qui apparaît au XVIᵉ siècle et qui fait l’éloge d’une partie du corps féminin. Il existe également des contre-blasons qui font la satire d’une partie du corps féminin.

Exemple : extrait de La courbe de tes yeux, du poète français Paul Eluard, 1926 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sur,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

L’hymne 

Né également dans l’Antiquité, l’hymne est utilisé pour célébrer un personnage illustre ou un Dieu tout en chantant. Ses sujets sont ainsi religieux ou historiques. 

Exemple : « Hymne » , Les chants du crépuscule, de l’auteur Victor Hugo, 1836

Gloire à notre France éternelle !
Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !

Le poème en prose

Né au début du XIXe siècle, le poème en prose contient des paragraphes en prose qui sont nommés aussi des « versets » et il emploie un langage poétique et musical par des rythmes et des images.

Exemple : Charles Baudelaire dans Le Spleen de Paris, 1869, renferme plusieurs poèmes écrits en prose.

 

Le poème en vers libre 

Le poème en vers libre est une forme qui conteste les règles de la versification à la fin du XIXᵉ siècle et qui s’affirme au XXᵉ siècle en abandonnant la strophe, la rime et la métrique classique.

C’est pour cela que le nombre de syllabes de chaque vers n’est plus régulier et qu’ils ont des longueurs différentes.

Exemple : L’hiver qui vient, du poète franco-uruguayen Jules Laforgue,1886 💨

“Blocus sentimental ! Messageries du Levant !…
Oh, tombée de la pluie ! Oh ! tombée de la nuit,
Oh ! le vent !…”

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